B.B.B (Berne Bodensee Berne): Au coeur de la course.
De Philippe Deplaix
Je tenais à refaire cette course pour plusieurs raisons :
Pour le prix de linscription,les participants du 600 km ont droit au cuissard et maillot de lépreuve, au ravitaillement gratuit.
Le parcours sans être très difficile est exigeant avec 4500 m de dénivelé, il traverse lAllemagne, lAutriche et le Liechtenstein. La plupart des inscrits sont suisses et allemands, quelques Autrichiens, Italiens et un seul Français (étonnant une année de PBP) complètent la liste de départ.
Vendredi matin (le départ a lieu à 13h), il pleut depuis la
nuit sur le parcours, nous roulerons continuellement sur des
routes détrempées.
Les concurrents qui veulent se qualifier pour la RAAM partent 15
minutes avant nous. Les résultats ne sont pas encore disponibles
sur le site de lépreuve, mais jai peur que beaucoup
naient pas réussi à faire le minimum imparti vu à la
rapidité avec laquelle nous les avons rattrapés.
Nous sommes une quarantaine d'élites à partir à 13h. Dès le
départ, je prends la tête du peloton afin de méviter les
projections des autres vélos et dimprimer une cadence qui
mest facile, peu de candidats pour me relayer.
Les deux premières étapes (65 et 72 km), très roulantes sont
effectuées à bonne allure (38 km/h) avec vent favorable. Les
contrôles sont aussi hyper rapides, juste le temps de pointer et
prendre les bidons préparés par lassistance (pour moi, ma
femme et ma fille).
La troisième étape de 46 km comprend une longue bosse (30 km)
en forêt qui se prend sur le grand plateau du fait du faible
pourcentage (3 à 5%) ; nous ne sommes plus quune dizaine
de coureurs dans le paquet de tête et tous les concurrents de la
RAAM ont déjà été dépassés.
La quatrième étape est celle dont je garde un mauvais souvenir
de lan passé, Daniel Wyss avait tout explosé dans la
côte de 2 km à 15% qui nous attend. Grande forme et braquet
adapté (39x25) font que je la passe facilement cette année en
donnant même la cadence !
Les années se suivent et ne se ressemblent pas.
Notre paquet sest encore amenuisé : nous restons à 6-7
cyclistes.
Les étapes 5 et 6 (78 et 67 km) sont sans difficultés et
seraient sans intérêt si elles ne longeaient le lac de
Constance ; cela permet dapprécier le paysage avant que la
nuit ne tombe définitivement.
La septième étape de 66 km comporte la montée (5 km à 5%) du
Kerenzerberg que nous faisons sous la pluie : habitant la Beauce,
jai peur de me faire décrocher face aux locaux plus
habitués à ce type de profil. Mais non, jarrive sans
problème à rester en tête du paquet. La descente se fait dans
les phares dune voiture dassistance afin de minimiser
les risques.
Une descente de col de nuit et sous la pluie reste toujours
quelque chose dinhabituel.
Arrive la huitième étape avec la dernière grosse difficulté :
une longue montée de 15 km avec des pourcentages compris entre 4
et 10%, le groupe reste au complet : cinq coureurs.
Neuvième étape (56 km). Sans nous poser la question, nous
avions décidé de finir ensemble (après plus de 500 km ensemble
cela nous semblait évident). Un petit malin en décide autrement
en filant discrètement comme un voleur au contrôle. Cette
étape tout en faux plat montant est usante et mes compagnons ont
du mal à me relayer efficacement pour limiter lécart avec
notre fugueur.
La dixième étape (35 km), facile, nous ramène à Berne sous un
timide soleil.
Le premier, Geri Felsberger arrive avec plus de 10 minutes
davance sur nous, écart creusé en 92 km ! ! Jai des
doutes que se soit de manière honnête car le fair-play ne
semble pas être sa première qualité ; lannée dernière,
alors quun copain et moi chassions pour revenir sur Daniel
Wyss, il sétait confortablement installé dans nos roues
à attendre que nous fassions leffort.
Personnellement, le bilan de cette édition 2003 est très positif :
Il est dommage que peu de Français fassent le déplacement,
Bordeaux Paris fait le plein tous les deux ans alors que
sportivement parlant, BBB est bien plus exigeante.
Alors avis aux amateurs pour les prochaines éditions.